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Buffy et l'idéologie fonctionnelle Indo-européenne

Préambule : le pourquoi et le comment

L'idée de faire une analyse de BTVS à l'aune de la tripartition fonctionnelle indo-européenne (1) me vint alors que je voulais écrire une contribution à l'excellente analyse comparée entre BTVS et les contes de fées effectuée par Lauréna
.
A partir du moment où Lauréna nous a appris qu'elle travaillait à cette analyse, je n'ai fait que tourner et retourner le problème dans tous les sens sans pour autant y trouver la moindre prise. Mais fort heureusement l'analyse comparative sur un mode psychanalytique de Lauréna à partir du livre de Bettelheim arriva et me donna la solution : restreindre mon sujet de " recherche " (2). Ainsi j'essayerais de répondre à une question sous deux optiques différentes : BTVS est-elle une série qui se rapproche du conte ou du mythe, 1) à partir du rôle social de l'un et de l'autre, 2) à partir de leur structure interne. Et ayant répondu à cela j'essayerais de répondre à l'inquiétante question : si BTVS a des points communs avec le conte ou le mythe, alors cette série peut-elle avoir le même rôle social que l'un, que l'autre ou les deux à la fois ?

Donc ma contribution sur ce sujet arrivera peut-être un jour sur le newsgroup, mais ce n'est pas encore l'heure car ce n'est pas un sujet que je maîtrise bien ; il me faut encore lire.

Mais mes recherches m'ont amené à relire un de mes maîtres à penser : Karl…. Euh ! Non cette fois-ci c'est Georges Dumézil dont il s'agit (3). C'est cet éminent philologue spécialiste de l'indo-européen qui eut une idée de génie en 1938 (4): les peuples indo-européens historiques et leurs prédécesseurs divisaient leur société réelle ou mythique en trois fonctions : souveraineté magique et juridique - force guerrière - production de richesse/fécondité. J'y reviendrais plus longuement dans mon introduction. Ceci révolutionna l'étude de l'indo-européen et dans le même temps débloqua une situation vieille de 50 ans à l'époque créée par les linguistes et les comparatistes mythologiques, eux-mêmes (5).

Alors je me suis demandé si on retrouvait cette tripartition fonctionnelle dans BTVS ? Je m'autorisais cette question à partir d'un a priori discutable : Whedon étant un indo-européen, la façon d'appréhender la réalité et de construire des histoires des Indo-européens devraient se retrouver dans BTVS.

Pourquoi cet a priori est discutable ? Pour deux raisons fondamentales : les révolutions bourgeoises et industrielles effectuées au 18ème et 19ème siècle dans des " civilisations " de la sphère géographique ouest indo-européenne dont est issu Whedon (6), en réduisant significativement le rôle social des prêtres et en raccourcissant les prétentions des porteurs de la seconde fonction - les nobles - au point de les faire quasiment disparaître, et d'une manière qui n'aurait pas déplue à la reine de cœur des histoires d'Alice de Lewis Caroll - du moins en France, peut avoir remis en cause cette conception indo-européenne de la réalité ou du moins l'avoir altérer en parti ou totalement. Comme le veut l'adage marxiste : l'existence déterminant la conscience, Whedon ne vivant plus dans une société tripartite n'aurait pas obligatoirement cette conception du monde. Et secondement la mondialisation de l'information et de la culture peut avoir entraîné d'heureux apports aux substrats indo-européens de Whedon, bien que pour l'instant et depuis quelques siècles ce soient plutôt les descendants des porteurs des civilisations ouest indo-européenne qui ont une fâcheuse propension à imposer leurs façons de voir et de faire au reste de la planète.

Mais si ces a priori sont discutables, comme tout a priori qui se respecte, ils n'en sont pas obligatoirement faux, comme nous le verrons dans l'introduction à propos de mon premier contrepoint.

Passons maintenant au sujet proprement dit.

Introduction : l'idéologie trifonctionnelle des indo-européens (tripartition et bipartition)

Qu'est-ce que les indo-européens ? Un concept ! un concept linguistique et " paléo-éthnologique " que certains scientifiques depuis plus deux siècles on voulu étendre à l'anthropologie physique, à l'archéologie et à la politique.

Je m'explique. Durant le XVIIIème siècle des savants ont remarqué des similitudes en le grec, le latin et le sanscrit (l'une des langues de l'Inde). Ces similitudes ont été étendues à d'autres langues depuis plus de deux siècles. Ainsi est né le concept d'indo-européen : une unité linguistique rassemblant les langues italiques (dont le latin d'où sont issus le français, l'italiens, l'espagnol, le portugais, le roumain, le catalan, l'occitan, le corse), les langues grecques d'où est issu le grec moderne, les langues germaniques (l'allemand, l'anglais, le néerlandais, le frison, le norvégien, le danois, le suédois), les langues celtiques ( le breton, le gaëlique d'Irlande et d'Ecosse, le gallois), les langues indo-iraniennes ( dont le sanscrit, le bengali, l'hindi, le cinghalais, le tzigane, le persan, l'ossète, le kurde), les langues baltes (lituanien, letton), les langues slaves (serbo-croate, slovène, bulgare, russe, ukrainien, tchèque, slovaque, polonais, sorabe), anatoliennes (toutes disparues), albanaise, arménien, tokharienne, macédonienne, thrace, etc.

Sur le modèle des langues latines (toutes les langues latines actuelles descendent d'une seule et unique langue antique -le latin) les savants de l'époque ont imaginé qu'il existait une langue indo-européenne archaïque et unique (des dialectes pouvant être bien sûr imaginés). Leur efforts tendirent vers la reconstruction hypothétique de cette langue disparue. Pour cela se basant sur le similitudes et les divergences ils construisirent des règles de dérivations phonétiques. Ils réussirent donc avec quelques succès à reconstruire cette langue dont il ne reste rien. Il s'agit bien d'une reconstruction a posteriori vraisemblable et rien d'autre. Une question se posa rapidement : cette langue était telle parler par un peuple, Ce qui serait logique si l'on reprenait l'exemple du latin qui a pour origine un petit peuple obscure de la péninsule italique voué à la suprématie ? Et subséquemment existait-il un type physique unique et lequel, une civilisation / culture commune et laquelle et enfin une unité politique ?

Ainsi les archéologues et les anthropologues entrèrent dans le concert des voix discordantes. Beaucoup de savants furent convaincus d'emblée de l'existence de ce peuple et il en recherchèrent l'emplacement géographique et la civilisation. Alors plusieurs écoles s'affrontèrent durant deux siècles.

Dans un premier temps on plaça les locuteurs de l'indo-européen indifférencié en Inde. Cette théorie ne tint pas longtemps. Certains voulurent voir dans la Scandinavie peuplé de grands blonds aux yeux bleus, pures et bien sûr supérieurs, le lieu d'origine du peuple indo-européen. Cette théorie, qui n'est plus soutenue que par les membres des organisations d'extrême-droites, eut un succès important dans les régions germaniques car elle soutenait l'unification des état germaniques et la formation de la nation allemande au 19ème siècle… puis elle servit d'assise " scientifique " aux nazisme. Avec la chute du IIIème Reich et plus tard sur la découverte que la Scandinavie fut longtemps une région inhospitalière dès les années 50 du 20ème siècle, cette théorie fut heureusement abandonnée par la quasi-entièreté du monde scientifique.

Dès le début du 20ème siècle certains scientifiques, en particulier Schrader, voulurent voir le lieu d'origine des indo-européens dans les steppes du nord des la Mer Noire, du Caucase et de la Mer Caspienne. Il associèrent la langue indo-européenne et ses descendantes à des bergers nomades des steppes qui auraient par la suite envahi à partir du IIIème millénaire avant notre ère l'Europe, une partie de l'Asie Centrale, l'Inde et une partie du Moyen-Orient. Cette théorie est celle la plus en vogue encore aujourd'hui chez ceux qui veulent trouver à tout pris un peuple, une culture et un lieu d'origine. Elle est défendu par des scientifiques comme Bernard Sergent, Mallory et les thèses de Dumézil servir à l'étayer. Durant les années 60 du 20ème siècle Bosch-Gimpera changea d'optique. Il décala le lieu d'origine plus à l'ouest - en Europe centrale et de l'est - et surtout il ne voulu plus voir un peuple mais plutôt un phénomène plus complexe lié à la formation des différentes cultures néolithiques de cette ère géographique qui se développèrent entre VI et le III millénaire. Enfin en 1987 Colin Renfew propose de voir dans la vague d'immigration qui " néolithisa " l'Europe dès le VII millénaire à partir du Moyen-Orient la trace d'indo-européennisation de l'Europe. Donc Il plaça le lieu d'origine des indo-européens indifférencié au Moyent-Orient.

Ces trois dernières théories ont toutes des qualités et des défauts. Toutes achoppent sur des difficultés qu'un courant critique met en exergue pour montrer les limites de cette recherche. Ce courant remet en question cette volonté de trouver un peuple, une culture et un lieu. Il remet en cause les hypothèses, la méthodologies, les modèles et les conclusions de cette recherche. Ce courant limite volontairement par une action critique l'indo-européanité à des convergences linguistiques et idéologique tout en limitant aux uns et aux autres leurs portée historique. A l'extrême, il pourrait arriver même à nier l'existence de cette indo-européanité, qui jusqu'à maintenant ne repose sur aucun fait matériel concret (archéologique ou scriptural), n'en faisant qu'un mythe… une pure construction de l'esprit n'ayant aucun rapport avec une quelconque réalité passée. Qui à raison, qui à tort ? Rien jusqu'à maintenant ne vient infirmer ou confirmer définitivement une seule de ces diverses thèses. Et dans le vacarme du combat scientifique qui se déroule depuis maintenant plus de deux siècle, ma petite voix n'est pas en mesure d'apporter une réponse…

Dans le texte qui va suivre l'existence d'une indo-européanité est posée comme une hypothèse de travail. Le niveau d'indo-européanité peut très bien s'arrêter à l'existence de convergences linguistiques, voire d'une langue archaïque unique, et d'une idéologie commune

Qu'est-ce donc que cette tripartition fonctionnelle des indo-européens trouvé par Georges Dumézil, Benveniste et Wikander principalement ? Ce serait la grille de lecture conceptuelle de la réalité quelle soit cosmique ou sociale des peuples indo-européens historiques (7) héritée de l'époque préhistorique d'unité culturelle présumée - après la cristallisation de la culture indo-européenne et avant les dispersions. Ce serait la représentation idéalisée de l'ordre cosmique et social. Ce serait la façon que tous les porteurs de la culture indo-européenne avaient d'analyser la réalité, de créer des histoires et de concevoir leur histoire et l'histoire mythologique (8). En un mot ce serait une idéologie au sens premier et non galvaudé du terme. L'idéologie fonctionnelle serait aux Indo-européens ce que la philosophie du ying et du yang est au Chinois.

En quoi consistait cette tripartition ? Quelles étaient ces trois fonctions ? La première d'entre elles était la souveraineté magique et juridique. La seconde était la fonction guerrière. Enfin la troisième était la fonction de production et de fécondité et tout ce qui s'y rapporte à l'un ou à l'autre.

A la première fonction étaient associés l'ordre cosmique, la vertu, les serments, les contrats, la souveraineté, la protection spirituelle de la communauté, la morale, et d'un point de vue " géographique " le ciel supérieur et bien d'autre chose encore. D'un point de vue humain, elle était représentée par les prêtres : brahmanes indiens, flamines romains, druides celtes.

A la deuxième fonction étaient associés la force, les arts martiaux, le courage, le vent et le tonnerre - c'est-à-dire le ciel intermédiaire d'un point de vue géographique. Sur terre elle était représentée par les guerriers et les seigneurs : ksatriya indiens par exemple.

A la troisième fonction : l'agriculture, l'élevage, la richesse et la production de biens, la santé, la beauté, la fécondité, l'amour, etc. A un niveau humain elle était représentée par le peuple - ceux qui travaillent et qui produisent : les paysans et bergers, les artisans et commerçants, etc. et d'un point de vue géographique leur domaine était la terre en surface et dans ces profondeurs ainsi que l'océan.

Lors de maints rites d'un bout à l'autre de la sphère d'occupation historique des peuples indo-européens - de l'Inde à l'Irlande - les principaux dieux des trois fonctions, on peut même dire les représentants, étaient invoqués ou remerciés par des offrandes ou des actes en leur honneur dans un ordre bien précis celui des trois fonctions :

-Première fonction :

Inde : Mitra et Varuna (dieux souverains organisateurs de l'ordre cosmique par les serments (magie) et les contrats (juridique)

Rome : Jupiter et Dius Fidius

Scandinavie :Ódinn (Odin-Wotan) et Túr

-Deuxième fonction:

Inde : Indra et Vayu (Indra correspondant plus à la maîtrise des arts guerriers policés et Vayu, par ailleurs aussi dieu du vent, à la force brutale)

Rome : Mars

Scandinavie : Þórr ou Thor (dieu de la force et du tonnerre)

-Troisième fonction :

Inde : les Asvin (dieux jumeaux de la santé et de l'abondance entre autres)

Rome : Quirinus (dieu des grains et des masses populaires)

Scandinavie : Njördr et Freyr (dieu des récoltes)

Plus que des correspondances onomastiques ce sont des correspondances fonctionnelles dont il s'agit ici. Bien sûr des correspondances onomastiques existent mais elles sont secondaires et pas toujours pertinentes pour la compréhension des textes et pour leurs analyses : ainsi le Varuna indien correspond à l'Ouranos grec d'un point de vue de l'origine étymologique (9). Le Dhyauh (pitar) indien correspond au Zeus grec ou au Jupiter latin aussi d'un point de vue étymologie. Mais même si dans une très lointaine préhistoire ces dieux ont la même origine deux à deux et donc la même fonction (ce qui n'est pas assuré), l'évolution des cultures séparément leur a donné des destins différents chez les uns et chez les autres. Ainsi Varuna est resté une divinité de premier ordre représentant la première fonction durant l'époque védique (après il perdit de sa superbe au profit d'autres dieux) alors qu'Ouranos n'a conservé qu'un rôle secondaire au profit de Zeus. Dans un sens inverse Dhyauh (pitar)- le ciel des indiens védiques - s'est effacé, si tant est qu'il ait eu un jour un rôle important, alors que chez les Grecs Zeus devenait le chef de file de toutes les divinités et le premier représentant de la première fonction. Etranges sont les destins des dieux lorsque ce sont les Hommes qui les écrivent !

Le fait que les Indo-européens aient possédé une grille d'analyse tripartite sur le plan social n'implique pas obligatoirement que leur société ait été tripartite : les Ossètes du nord-Caucase - voisins des Tchétchène, Tcherkesse, et Abhkaze - possèdent comme leurs ancêtres les Scythes une vision tripartite de la réalité sociale et cosmique que l'on retrouve dans les contes sur les familles Nartes de leur folklore mais ne possèdent pas une société composée de trois castes ou classes sociales. Il faut bien se rendre compte que cette idéologie trifonctionnelle aurait été une représentation idéalisée de la réalité et une projection dans la sphère du divin et du mythologique. En revanche certains peuples/cultures possédaient une tripartition sociale. C'est encore le cas de la société indienne, qui de toutes les cultures indo-européennes encore existantes a été la plus conservatrice avec ces castes appelées varna (10): brahmane - kîatriya - vaisya auxquels il faut ajouter les sûdra (11). On retrouve cette tripartition plus proche de nous dans la société occidentale féodale divisée en clergé - noblesse - tiers-état.

Mais toute idéologie n'est pas forcément pertinente et ne permet pas forcément d'expliquer les moteurs de la société et de l'histoire.

C'est en cela que je disais dans mon préambule que ce n'est pas forcément parce que Whedon vit dans une société fondamentalement bipolaire (ceux qui possèdent les moyens de production agricole, industriel et de service / ceux qui ne possèdent que leur force de travail manuelle mais aussi intellectuelle. Et même si cette bipolarité se double d'une "multipolarité" sociale, c'est la bipolarité qui détermine le cours de l'histoire et l'évolution de la société dans son ensemble) qu'il ne possède pas une grille d'analyse tripartite. Et ceci ne remet nullement en cause le fait que l'existence détermine la conscience ; Les facteurs qui déterminent la conscience d'un individu et un fortiori d'un peuple entier sont multiples et complexes, bien que certains comme les rapports de productions au premier chef et l'idéologie de la classe dominante qui en résulte et la lutte entre les classes dominées et les classes dominantes les soient les plus importants.

Au demeurant cette conception tripartite du monde se serait doublée d'une conception bipartite, qui prenait ses racines dans la bipolarité sociale réelle qui n'est pas l'apanage des prétendus indo-européens mais un fait social universel mis en exergue par Marx et Engels(12), que l'on retrouve ici ou là : ainsi il est courant que les dieux des deux premières fonctions -prêtre et seigneurs guerriers - s'allient et combattent les dieux de la troisième fonction au sein des mythes :

C'est ce que l'on voit dans la guerre des Ases -dieux des deux premières fonctions - contre les Vanes -dieux de la troisième fonction - des germains scandinaves.

C'est ce que l'on retrouve dans les récits historico-mythologique de la fondation de Rome avec la guerre des Romains et Etrusques représentant les deux premières fonctions contre les Sabins, représentants de la troisième fonction qui apporteront finalement les femmes aux Romains, donc la reproduction, la fécondité et par conséquent la richesse et la pérennité.

C'est ce que l'on retrouve chez les Celtes gaéliques avec la bataille de Mag Tured opposant les Tuatha de Danann(13) contre les Fomorés, précédants occupants de l'île d'Irlande. Thuata des Danann représentant la première et la deuxième fonction mais ne connaissant pas l'agriculture (14). L'agriculture est l'apanage des Fomorés - êtres " démoniaques " représentants de la troisième fonction.

Chez les Indiens on retrouve d'une autre manière cette distinction dans le Mahabharata : ce texte qui raconte l'histoire d'une famille, incarnation des dieux (15), et en particulier de cinq demi-frères : ces demi-frères sont les incarnations des dieux principaux des trois fonctions à l'époque où fut rédigé le texte : Yudhiîðhira incarnation de Dharma - la vertu morale et l'ordre/ 1ère fonction (dieu qui remplaça Mitra et Varuna chez les Indiens post-védique). BhÌma incarnation de Vayu - la force/ 2ème fonction. Arjuna incarnation d'Indra - le roi guerrier/ 2ème fonction. Ces trois premiers demi-frères sont nés d'une même mère : KuntÌ. Les deux suivants d'une autre mère MadrÌ : Nakula et Sahadeva incarnation des Asvin - beauté-santé-prospérité/ 3ème fonction (16). L'on voit ici aussi dans l'histoire de la paternité/maternité de ces cinq héros incarnations des dieux représentants des trois fonctions une séparation entre les deux premières et la troisième.

Chez les Scandinaves et les romains la guerre se termine par un traité de paix des uns avec les autres et un synécisme qui conduit à la fondation d'une nouvelle société. On voit où auraient pu vouloir en venir les " idéologues " indo-européens : l'ordre cosmique ou social, c'est à dire l'harmonie, l'équilibre obligatoire au bon fonctionnement de toute chose, nécessite la coopération des représentants des trois fonctions : prêtres, seigneurs guerriers, et producteurs sur terre comme chez les dieux.

L'on voit premièrement que les esclaves sont absents comme acteurs de cette coopération, car les esclaves ne sont pas des hommes pour leurs maîtres mais des objets : un patricien romain pouvait-il concevoir la coopération du marteau, de la faucille, de l'amphore à l'ordre sociale et cosmique ? Non ! Il en était certainement de même pour les esclaves.

Mais cette bipartition et la guerre des deux premières fonctions contre la troisième montre que les Indo-européens n'ont peut-être pas été myopes au point de ne pas voir que les seigneurs et les prêtres s'opposaient souvent au peuples et les exploitaient.

Cette oppression fut peut-être idéalisée et dépassée par l'idéologie dominante(17). Ainsi la tripartition fonctionnelle peut être décrit comme la grille d'analyse idéalisée des classes dominantes pour expliquer le monde et la société mais aussi pour la justifier telle qu'elle fut et telle qu'elle doit se maintenir. En termes marxistes on dirait que l'idéologie tripartite indo-européenne sert à la classe dominante à gommer les antagonismes de classes qui se révèlent dans la lutte de classes afin de maintenir leur oppression en maintenant les opprimés dans l'ignorance de leurs propres intérêts. Que cela soit effectué sciemment ou non est très secondaire !

Chez les Celtes gaéliques la fin de la bataille de Mag Tured se termine par l'extermination d'une partie des Fomorés et la mise en esclavage des autres qui sont tenus de révéler à leurs nouveaux maîtres le secret de l'agriculture. Ainsi les dieux des deux premières fonctions s'emparent du même coup des prérogatives de la troisième fonction : le travail et le fruit du travail. Peut-on être plus explicite ?!

Il aurait existé un autre bipartisme, qui d'une certaine manière découle de la précédente : la fonction sacerdotale, la première fonction, aurait été nettement séparée des deux autres qui socialement chez certains peuples indo-européens (18) étaient représentées par les mêmes personnes : les hommes libres. Ils étaient à la fois porteurs de la seconde et de la troisième fonction. Ainsi le paysan était aussi le guerrier. Ainsi l'homme était dénommé par deux noms communs : l'indo-européen *ner- qui désigne le guerrier (l'homme en arme) en opposition à *wiro- qui désigne l'homme en générale et qui a donné le terme de la troisième fonction chez les romains : le dieu Quirinus et la fonction sociale des producteurs Quirites (*co-virites) mais qui à donner " vir " en latin, c'est-à-dire " homme " et donc viril en français. Mais dans la réalité chez les romains Milites (les guerriers) et Quirites étaient les mêmes personnes, peut-être à différents moments de leur vie. Les véritables producteurs, ceux sans lesquels les civilisations antiques n'auraient pas fonctionné, les esclaves, étant écartés des schémas mentaux indo-européens, l'homme libre qui était d'ailleurs aussi d'une certaine manière un producteur, possesseur d'esclaves - donc riche - ou non - et alors pauvre - devait porter les deux fonctions dans ces mêmes schémas mentaux. Ce qui était faux par une trop grande approximation de la réalité sociale : l'oubli de la fraction de la population sur qui reposaient le fonctionnement de l'économie.

Cependant il existait chez tous les peuple indo-européens une aristocratie guerrière séparée du commun des hommes libres. Cette aristocratie guerrière incarnait vraisemblablement la seconde fonction d'une façon plus idéale.

Dans cette vision indo-européenne qu'aurait pu représenter le Mal ? Il est dit que la coopération des trois fonctions est nécessaire afin de conserver l'équilibre cosmique, l'harmonie universel, l'ordre. Donc le mal/Mal est tout ce qui remet en cause cet équilibre. C'est donc le Chaos et ce qui s'y rapporte comme le mensonge, la déloyauté, la discorde, la haine, les pulsions en tout genre, le marxisme (joke !), etc. Le mal c'est aussi refuser l'Ordre (cosmique et social qui en est une partie). Donc le contraire maintenir l'harmonie et respecter l'Ordre c'est faire le bien. Un Homme, comme toute chose existante, doit respecter ce pour quoi il est sur terre. On retrouve cela dans beaucoup de courants philosophiques d'origine grec. Un guerrier doit exceller dans son art. Il deviendra un héros s'il exalte les principes du guerrier : courage et force. Un représentant de la troisième fonction doit être un membre exemplaire de sa classe et ne pas chercher à être un guerrier ou un prêtre. C'est une doctrine de l'immobilisme social. L'ambition de l'indo-européen est d'accepter son destin, son karma. Donc la question du Destin, de la fatalité, est un thème récurrent chez les indo-européens. Comment pourrait-il en être autrement puisque les dieux écrivent par avances l'histoire du monde et l'ordre. Mais la Fatalité n'empêche pas la liberté dans un cadre imposé. Rappelons-nous Achille dans l'Iliade : il a le choix entre deux destins - une vie courte mais glorieuse en tant que guerrier et une vie longue, paisible mais anonyme. Sachant qu'Achille est l'idéal guerrier, pouvait-il refuser son statut, refuser d'exalter ce pourquoi il existait. Ce faisant n'aurait-il pas mal agit en refusant ce qu'il était. Chose impensable dans un récit épique !

Tout comme dans le judéo-christianisme, la religion indo-européenne véhicule les concepts de péché et de Rédemption. Cela n'est pas étonnant que ces thèmes se retrouve dans le christianisme né au sein d'une culture qui connaissait déjà ces concepts - le judaïsme - et qui en plus était influencée depuis plusieurs siècles d'occupation et d'hégémonie culturelle par les Grecs, les Romains et les Perses de la réforme zoroastrienne, et qui s'est développée dans ces dernières cultures. Ainsi on a pu retrouver dans la Sainte Trinité chrétienne (19) l'idéologie trifonctionnelle indo-européenne. Le dieu chrétien est le rassemblement des trois fonctions dans une même entité. Cette transformation du polythéisme indo-européen en monothéisme résultant bien sûr du monothéisme judaïque.

Donc voici en quelques mots ce que Georges Dumézil ainsi que d'autres philologues et comparatistes ont tenté de décrire durant une vie de recherches, outre les appels aux notions de lutte de classes qui sont comme chacun le sait marxiste et totalement étrangère à Dumézil qui durant sa jeunesse fut attiré par les royalistes d'extrême-droite et antisémites de l'Action Française et, cette erreur de jeunesse passée, qui se cantonna à un apolitisme de droite résolu. C'est loin de représenter tout ce qui pourraient être dit sur le sujet. La simplification nécessaire pour ne pas vous enfouir sous un monceau de détails ou de connaissances est la cause du caractère approximatif et caricatural de cet exposé. J'espère néanmoins que cela suffira à ceux pour qui ce sujet était il y a encore dix minutes totalement étranger à pouvoir trouver un intérêt quelconque à ce qui suis au-delà du simple fait que je vais parler de BTVS et nommer nos héros préférés : Buffy, Xander, Willow, Giles, Cordélia et Angel/Angelus, Oz, mais aussi Kendra, Faith, Spike et Drusilla, ainsi que Wilkins

J'espère aussi que ce qui précède n'est pas trop rébarbatif ou trop abscons. Si certains veulent des précisions, je me ferais une joie de les apporter publiquement ou en privé selon le rapport direct ou éloigné à BTVS dans la mesure de mes connaissances.

BTVS et l'idéologie trifonctionnelle

A tout seigneur tout honneur, dit-on, alors commençons par Buffy Summers et son cavalier de toujours : Angel.

1) Buffy et Angel : les guerriers et le couple royal.

Il est clair que Buffy est une guerrière. Elle pourrait donc être la représentante de la deuxième fonction. Son rôle est d'éliminer de la surface de la terre les forces démoniaques qui menacent les humains. Elle a pour fonction évidente la protection de l'humanité, tout comme les guerriers avaient théoriquement pour tache de protéger leur communauté.

Mais certains éléments me font penser qu'elle est plus que cela. Dans " Bienvenue à Sunnydale I / Welcom to the Hellmooth I " Giles affirme à Buffy, alors que celle-ci semble vouloir refuser clairement sa mission : " Parce que vous êtes la Tueuse. Chaque génération voit naître une Tueuse. Dans l'univers une fille est élue. Une fille avec la force et la sagesse pour chasser les vampires… " Buffy le coupe et continue : " avec la force et la sagesse pour chasser les vampires et pour empêcher que le Mal ne s'étende. Bla, bla, bla. J'ai déjà entendu ça ". Donc il semblerait que Giles, ne faisant pas preuve d'imagination, récite une sentence traditionnelle, une prophétie du Codex peut-être (ou du Manifeste, ou des trois volumes d'Extone), pour convaincre Buffy d'accepter sa mission. Et que dit cette phrase. La Tueuse possède " la force et la sagesse ". Si la force est l'apanage de la seconde fonction, la sagesse lui est étrangère dans la conception indo-européenne du monde. La sagesse est plus caractéristique de la première fonction, de la fonction sacerdotale.

Dans l'idéologie indo-européenne, il existait un personnage qui incarnait les trois fonctions car il était la personnification de l'unité de la communauté, son point centrale : le roi. La plupart des peuples indo-européens ont utiliser un dérivé du mot p.i.-e (20).: *reg- pour nommer le roi (21). Ce mot est aussi le radical qui donna en latin rectus : " droit ", allemand : " recht ". Donc le roi est l'homme droit, c'est-à-dire celui qui dit le droit, qui établi la rectitude. Il n'est pas celui qui commande mais celui " régularise ", qui organise la société, tout comme les dieux de la première fonction organisent l'univers. Il est aussi celui qui dit le droit, qui rend la justice. Le roi est donc un représentant de la première fonction. D'ailleurs en France, sous l'Ancien Régime, le roi était appelé " l'évêque du dehors ". Il participe à certains rites religieux et sacrificiels. Le roi est un prêtre en quelque sorte mais incomplet.

Mais il est aussi une incarnation de la fonction guerrière, comme l'indique le fait que le roi fusse élu -tiens élu, comme Buffy- parmi les guerriers, certainement au sein de l'aristocratie guerrière. Il est donc comme le dieu roi des indiens : Indra, qui est un dieu de la guerre. D'ailleurs certains peuples indo-européens ont choisi de nommer le roi avec dérivé du p.i.-e. *welH- qui signifie " être fort ". Un terme qui en toute occurrence caractérise le guerrier.

Enfin le roi promeut la fécondité et la richesse de la communauté. Il doit faire pleuvoir, permettre de bonnes récoltes, et la fécondité humaine et animale. Un roi sous lequel cela ne se produirait pas est un mauvais roi rejeté par les dieux. Une personne à la santé déficiente, un infirme, un malade, un fou ne peut devenir roi. La santé étant un domaine réservé à la troisième fonction. Le roi est un nourricier. Il organise des festins (22). Il doit pouvoir pourvoir à la demande alimentaire de ses sujets. Un symbole récurrent chez les peuples indo-européens est le chaudron inépuisable, d'où il sort suffisamment de nourriture pour son peuple, et qui permet même chez les Celtes de ressusciter les guerriers tombés au combat(23). Le roi doit être riche (24). Le roi est donc aussi un représentant de la troisième fonction.

Les rites d'intronisation du roi le montrent d'ailleurs. Ainsi le roi du Leinster recevait une chemise blanche - le blanc étant la couleur de la première fonction (les druides étaient vêtus de blanc) - une lance symbolisant la seconde fonction, et une chaussure pleine d'argent, symbole de richesse donc de la troisième fonction.
Les Indiens disent du rajan " qu'il assure leur bonne conduite (1ère fonction), les protège (2ème fonction), et les nourrit (3ème fonction)". Il reçoit dans la plupart des peuples indo-européens un sceptre, sorte de bâton de pouvoir, symbolisant la première fonction. Il s'assoit sur un trône en pierre, le reliant aux forces chthoniennes de la troisième fonction. Son mariage est sacré (hièrogamie), car symbolisant son union à la Terre-Mère, déesse de la fécondité, par sa représentante terrestre la reine.

Revenons à la Tueuse, à notre chère Buffy. Elle est une guerrière et doit posséder la sagesse. Mais possède-t-elle des caractéristiques de la troisième fonction ? Richesse ? Même si elle n'est pas pauvre, ses parents semblent plutôt faire partis de la middle-class américaine. La fécondité ? N'ayant pas enfanté pour le moment, on ne sait pas si elle est prolifique (25). La beauté ? Personne n'oserait remettre en cause sa beauté, du moins au sein de ce forum. Mais c'est un peu maigre comme rapport à la troisième fonction, d'autant plus que d'autres personnages féminins de la série, voire quasiment toutes, sont jolies. La beauté n'est donc pas un critère discriminant. La santé ? Voilà un point plus intéressant. Que sait-on de la santé de Buffy : une santé de fer, une régénérescence hors du commun et une perte de ses capacités de tueuse lorsqu'elle est malade (" Réminiscence/Killed By Death ") ou sous l'effet de drogue (" Sans Défense/Helpless "). Donc d'un côté on voit que Buffy possède une des caractéristiques liées à la troisième fonction - une santé de fer, et lorsque se produit pour une raison quelconque une déficience de cette caractéristique alors c'est toutes les capacités de Buffy qui sont altérés - un peu comme Benoît Brisefer lorsqu'il a le rhume. La perte de l'équilibre interne des trois fonctions au sein de Buffy entraîne une diminution de l'efficacité de l'ensemble. Buffy possède donc au moins une caractéristique de la troisième fonction : la santé, et pas n'importe quelle santé.

Un autre point est important. Un des thèmes des deux premières saisons est : l'avenir professionnel de Buffy. Alors que tous ses amis, ou presque, on une vision plus ou moins claire de leur avenir professionnel, pour Buffy c'est le flou le plus complet à cause de son destin de Tueuse qui ne lui permet pas de vivre comme tout à chacun. C'est une autre caractéristique des rois indo-européens : ils avaient interdiction de travailler. Non pas parce que c'est mal en soi de travailler, mais parce que leurs taches royales ne le permettaient pas. Travailler aurait voulu dire (26)une altération de l'équilibre au profit de la troisième fonction, certainement la plus accaparante. Donc le roi n'était plus la centralité de la communauté. L'équilibre était rompu et c'est toute la communauté qui en aurait pâti. C'est la même tension que vit Buffy : Tueuse ou avenir professionnel ? Et si elle choisit l'avenir professionnel alors c'est toute la communauté qui risque d'en pâtir car elle n'aura plus personne pour la protéger.

Buffy apparaît bien comme l'équilibre des trois fonctions, comme un roi indo-européen(27). Buffy est un roi féminin.

Mais, il existe un point qui semblerait contredire ce fait : les rois de la plupart des peuples indo-européens, bien qu'il soit originairement un guerrier, n'avaient plus le droit de combattre(28). Ce qui va à l'encontre de la mission de Buffy : combattre de façon guerrière les vampires et autres démons.

Cependant, il existe un parallèle troublant avec la mythologie scandinave. Chez les Germains les deux dieux souverains (c'est-à-dire les représentants de la première fonction) sont aussi des guerriers : Odin et Tyr. Le caractère guerrier de la première fonction chez les Germains est aussi attesté par les rites de justice passant par le combat/duel entre les deux partis adverses d'un différent : le jugement des armes. La justice est pourtant une attribution de la première fonction. Ici on voit clairement une intrusion de la seconde fonction dans le domaine de la première. N'est-ce pas ce que nous rencontrons avec la Tueuse : la justice par les armes. Et rappelons-nous qu'Indra est le roi des dieux indiens(29). Il n'en garde pas moins sa fonction de dieu de la guerre. Il y a donc des exemples soit d'interpénétration des deux premières fonctions, ou de conservation du caractère guerrier des rois dans les mythologies de certains peuples indo-européens. Et pas les moindre, en ce sens qu'ils sont certainement parmi les plus culturellement conservateurs de tous les peuples indo-européens, avec les Celtes, les Italiques et les Indiens.

Buffy est un roi dont le caractère sacerdotal est réduit ou plutôt théorique. Et cela surtout lors de la première saison, où son caractère de fille peu intelligente est plus prégnant que par la suite. Son évolution durant la première saison, mais surtout lors de la deuxième et la troisième saison l'amène à avoir une sorte de sagesse intuitive. Elle ressent énormément les choses. Elle comprend souvent les intrigues avant les autres. A partir des éléments de connaissances que lui apportent Giles et Willow, c'est souvent elle qui débloque les situations. Les attributions propres à la première fonction sont conservées par d'autres personnages : Giles en particulier. Est-ce parce que la Tueuse est " une roi " imparfait en ce qui concerne la première fonction qu'il lui faut lui adjoindre un personnage dont la principale tache est de représenter la première fonction dans ce qu'il y a de plus archétypique : l'observateur ? Mais nous y reviendrons plus tard.

Le personnage qui est associé à Buffy, outre Giles, est Angel. Un Vampire qui a retrouvé son âme grâce à un sort gitan. Lorsque l'on compare Buffy et Angel on s'aperçoit qu'ils sont identiques en ce qui concerne l'idéologie trifonctionnelle. Angel est un guerrier. Il est avec Buffy celui qui intervient le plus dans les combats. Il possède comme Buffy une force surhumaine. Comme Buffy il possède une certaine forme de sagesse - que beaucoup d'habitués du forum confondent avec de la niaiserie : mais puisque sous la forme d'Angelus, il incarne le Mal sans limite, c'est-à-dire la soumission de l'être à tous ses désirs, ou dit d'une manière plus propre à l'idéologie fonctionnelle, où la première fonction est totalement atrophiée au profit de la seconde - violence - et de la troisième - désir, cupidité - il est normal que sous la forme Angel, la régulation, l'ordre moral le rtá des Indiens ou ordre cosmique (30), ou en terme psychanalytique l'inhibition, le Surmoi, soit sur-représenté. C'est la contrepartie du retour de l'âme et de l'équilibre fonctionnel. Cette sagesse est couplée d'ailleurs à une connaissance bicentenaire. Connaissance étrangère pour le coup à Buffy. Enfin, Angel a le même rapport à la santé que Buffy : santé de fer et régénération et même l'immortalité. Comme on le voit Angel est le double masculin de Buffy. Il est le roi indo-européen au même titre que Buffy. Il est donc normal qu'ils tombent amoureux l'un de l'autre.

Il est temps de parler des deux autres Tueuses : Kendra et Faith. Ces personnages ne pouvaient incarner la royauté indo-européenne, et donc ne pouvaient pas être les Tueuses légitimes. Car ni l'une ni l'autre ne possèdent cet équilibre des trois fonctions.

Kendra est une machine à tuer. Son éducation paramilitaire dans la plus stricte tradition du Conseil, bien évidemment, l'a rendu ainsi. Et, bien qu'elle connaisse le manuel de la Tueuse par cœur et certainement beaucoup de choses sur les vampires, les démons et autres monstres, elle est très loin d'être intelligente. Je veux dire en cela, qu'elle à un niveau d'adaptabilité assez faible. Elle ne fait que suivre un protocole imposé par d'autres (le Conseil) à partir de connaissances théoriques dont elle ne sait pas réellement se servir. Elle ne se pose pas de question. Elle applique… mais toute situation sortant du cadre de ces connaissances théoriques peut la déstabiliser ou l'empêcher d'avoir une réponse adaptée et efficace. Elle n'est pas sage et ne fait qu'incarner la fonction guerrière.

Le cas de Faith est assez similaire, car par un manque de sagesse - aspect de la première fonction qui n'a pas pu se développer pour des raisons diverses - elle est soumise à la peur et à la haine, deux aspects qui seraient aussi lié à la fonction guerrière, du moins à ses fautes. Ces deux émotions la submergent - les mauvais côtés de la fonction guerrière non-bridés par la sagesse de la fonction sacerdotale - et elle s'allie aux forces obscures.

Elles devaient donc mourir ou quitter le Scoobygang. Et contrairement aux préceptes traditionnels du Conseil, une Tueuse entourée est plus forte car elle devient le réceptacle des trois fonctions, cessant d'être uniquement une représentante " pure " de la fonction guerrière et devenant un " roi ". La solitude des deux autres Tueuses connues leur aura été fatale. Est-ce que cela veut dire que Buffy est une Tueue atypique contrairement aux deux autres connues durant les trois premières saisons. Kendra et Faith ne font qu'incarner la fonction guerrière et il semblerait que cela soit le cas pour les Tueuses précédentes (solitaires, guerrière, et qui meurent jeune.
Spoiler S4 : ra bhger pr dhr y'ba ncceraq qr yn cerzvèer Ghrhfr qnaf yr qreavre écvfbqr (Erfgyrff)qr prggr dhngevèzr fnvfba graq à pbasvezre prg nivf. Ra Rssrg yn Cerzvèer Ghrhfr dhv snvg crafre à har srzzr nobevtèar bh à har srzzr q'har phygher cnyébyvguvdhr rg dhv fr qvg qrfgehpgevpr rg fbyvgnver erivrag fbhf sbezr q'ha rfcevg nsva qr ghre Ohssl rg yrf zrzoer qh fpbbol tnat pne Ohssl qéebtr nhk ybvf).
Kendra et Faith représenteraient donc l'image de la Tueuse éternelle, l'image de la Tueuse du Conseil. Buffy serait une Tueuse qui aurait dépassé ce stade… Nous assistons à une ascension d'une Tueuse. Mais tout ceci contredit la sentence que je cite plus haut à propos des Tueuses. Est-ce que cette phrase est dévolue uniquement en définitive qu'à Buffy ? Préalablement vue comme une sentence, elle deviendrait clairement une nouvelle prophétie concernant Buffy

2) Giles et Willow : un couple fonctionnel !

Comme il a été dit plus haut la première fonction indo-européenne est celle de la souveraineté sacerdotale : ordre cosmique et ordre social, justice, régulation, moral, sagesse et connaissance et magie sont ses principaux attributs.

Comme toutes les autres fonctions, elle est représentée par au moins un couple divin : Varuna et Mitra chez les Indiens védiques, Ódinn et Túr chez les Germains, Jup(p)iter et Dius Fides chez les romains.

Le premier terme/dieu incarne l'ordre cosmique, implacable et presque guerrier. C'est un magicien qui fait respecter les serments. Dieu inquiétant, lointain et sauvage. Le second terme/dieu incarne l'ordre social, bienveillant et paisible. C'est un juriste qui fait respecter les contrats. Voilà un peu comment sont définit Varuna et Mitra chez les Indiens védiques.

Pour les autres peuples nous retrouvons à peu près la même chose de façon plus ou moins significative. Par exemple Ódinn est un guerrier - il préside aux combats sur les champs de bataille, c'est-à-dire un représentant divin de la deuxième fonction. Jupiter est le dieu référent de Romulus, dans le récit de la fondation de Rome. Or Rumulus, premier roi de Rome, demi-dieu, fils de Mars - dieu de la guerre - élevé avec son frère par une louve, et qui est avant tout l'incarnation de la première fonction et en particulier du premier terme de cette fonction, a un règne agité et violent (31). Au contraire Numa, son successeur, est paisible et juste. Il fonde les lois romaines et les sacerdoces. Son référent divin est Dius Fidius le comparse de Jupiter. En fait le premier terme met en place l'ordre, c'est un acte de violence et coercitif, alors que le second terme l'administre l'ordre établi par une action paisible, concerté et juridique.

On voit ici comment la première fonction semble se partager entre les deux autres fonctions - guerrière et violente ou productive et paisible - comme si elle les englobait (32).

Giles et Willow ne sont pas des combattants. Leurs apports au Scoobygang se font dans la sphère des connaissances. Connaissances démonologiques et rituels chez Giles, connaissances plus moderne et technique dans un premier temps chez Willow, dont les attributions s'élargiront à la sorcellerie wicca. Ils sont clairement les représentants de la première fonction.

Willow n'intervient quasiment pas dans les combats, alors que Giles y participe quelques fois, rappelant ainsi son passé de " mauvais-garçon ". Willow à un rôle clairement conciliateur dans le Scoobygang, alors que Giles à un rôle de régulateur. L'une arrondie les angles et entretient la cohésion du groupe, l'autre donne des ordres, dit ce qui doit être fait ou pas fait. Donc Giles s'apparente plutôt au premier terme de la fonction souveraine, alors que Willow s'apparenterait plutôt au second terme. Giles " est " le Varuna de BTVS, apparentement renforcé par le côté inquiétant de son passé. Willow en est le Mitra. Son côté timide et réservé et clairement sympathique renforce cet apparentement.

Chez certains peuples indo-européens il existait une dichotomie sexuée de la classe sacerdotale. Les prêtres masculins et les prêtres féminins n'avaient pas les même fonctions. Les prêtres étaient des gardiens de la loi, des savants et ceux qui organisaient les rites sacrés. Ils étaient les incarnations de l'aspect régulateur de la première fonction. Les prêtresses sont liées aux prophéties (33) et à la magie. On retrouve là aussi une distinction qui correspond parfaitement à nos deux héros.

Cette correspondance est d'autant plus flagrante si l'on se rappelle que les termes désignants les prêtres chez les Germains et les Celtes signifiaient " savant, sage " : le " druide " celte vient de *dru-wid qui signifiait " fidèlement savant ", le " wizzago " en ancien haut allemand possède la même racine anglo-saxonne pour la sagesse et le savoir : wÌs que l'on retrouve dans l'anglais actuel " wise " (sage, prudent), " wisdom " (sagesse), wizard (magicien), ou encore en vieux norrois vÍss, en gothique -weis, en germanique wÌsaz, -wÌttos. Terme qui corresponde assez bien dans leur domaine respectif à Giles et Willow.

En outre il est normal que Giles forme un autre couple avec Buffy : le roi et son chapelain, son directeur de conscience. Giles est d'une certaine manière le supplément de première fonction qui manque clairement à Buffy au début de la série, malgré sa sagesse potentielle et prophétisée. Il est le précepteur par conséquent, tant d'un point de vue connaissance qui lui enseigne, qu'en terme de canalisation morale, de régulation comportementale. Il est là pour faire émerger la sagesse de la Tueuse, qui lui permettra, en canalisant les excès guerriers, de vaincre tout en restant en vie : la guerrière parfaite et policée qui allie fonction guerrière et fonction sacerdotale, l'idéal indo-européen, tel un Indra : seigneur de la guerre, et roi des dieux. Giles a un rôle important dans l'ascension de Buffy à un stade qui dépasse celui de la Tueuse commune, telle que Faith ou Kendra. C'est parce qu'il est un observateur atypique, qui finalement remet en cause les méthodes du Conseil en ce qui concerne la pédagogie, que Buffy peut trouver la sagesse.

Giles et Willow forment un couple fonctionnel de la première fonction. On pourrait même dire que leur mode d'action les rapproche des représentants divins majeurs de cette fonction et c'est pour cela que dès le début de la série Giles et Willow collaborent activement de concert à la recherche d'éléments de connaissance permettant la victoire de Buffy sur les forces démoniaques. Mais un élément moral les empêchait de formé un couple sentimental : la différence d'âge, visible dans ce cas, entre les deux personnages et si contraire à la morale puritaine américaine.

Tout comme il est normal que Willow soit proche de Xander, par le fait qu'elle est proche par sa fonction et donc par son caractère de la troisième fonction. Mais ils ne peuvent pas non plus former un couple amoureux, puisqu'ils ne font pas parti de la même fonction. A t-on jamais vu un vaysia épouser une brahmane. Un berger épouser une reine… sauf dans les contes !

Willow devait donc se trouver quelqu'un d'autre pour la réalisation de ses premiers désirs amoureux. Quelqu'un qui soit de la même fonction, mais en plus effacé.

3) Oz : un substitut de Giles et de Xander pour Willow.

Il est dit maintes fois dans BTVS qu'il est d'une certaine manière l'égal de Willow en ce qui concerne l'intelligence et la connaissance. D'ailleurs dans l'épisode " Kendra 1/ What's my line 1 ", me semble t-il, Willow et Oz sont contacté par une firme informatique en qualité de petit génie. Donc Oz est par son intelligence un personnage de la première fonction. Mais on pourrait presque dire que cette " incarnation " de la première fonction en Oz est trop prégnante. D'où son extrême réserve et son côté calme qui en font un personnage particulièrement effacé.

Le côté régulateur de la première fonction est surdéveloppé chez Oz. En terme psychanalytique, on pourrait dire qu'il est inhibé. Il intellectualise tout. Il faut se souvenir de la scène dans Earshot où le Scoobygang est réuni dans la bibliothèque de Giles, et qu'ils apprennent le nouveau pouvoir de Buffy. Chacun a une réaction émotive par rapport à cette capacité, sauf Giles qui se maîtrise en cherchant des solutions dans des livres et Oz qui nous tient un raisonnement digne de Descartes dans le Discours de la Méthode : " Oz: (fronce les sourcils) ...Je pense donc je suis. Je suis ce que je pense. Si Buffy pense ce que je pense, est-ce que je suis? Elle est moi, donc j'existe plus ...Aucun de nous n'existe. Nous sommes Buffy. Nous pensons, donc elle est... ". Il faut se rappeler aussi sa réaction face à l'infidélité de Willow avec Xander dans " Amours Contrariés/Lover Walks ". Bien qu'il rompe de fait avec Willow, il n'a pas à son égard une réaction émotive forte et violente, malgré ce qu'il doit ressentir comme peine.

Beaucoup d'autres exemples montrent qu'Oz est par son rejet des émotions, du moins son contrôle efficace des émotions, un personnage de première fonction. Mais cette sur-régulation est trop forte pour en faire un personnage réellement efficace. Cela entraîne son effacement dans l'action.

Donc, Oz est le seul personnage qui peut se lier sentimentalement avec Willow.

Mais trois jours par mois il se transforme en lycanthrope. C'est-à-dire en un monstre bestial qui ne peut plus contrôler ses pulsions violentes. C'est comme une soupape de sécurité. La première fonction si puissante chez ce personnage doit céder la place à un déferlement de la seconde fonction. Le sage est remplacé par le guerrier incontrôlé durant la pleine lune.

Willow joue alors le rôle régulateur qu'Oz ne peut plus effectuer. Comment effectue t-elle cette régulation ? C'est à partir du moment ils tombent amoureux l'un de l'autre qu'Oz s'enferme dans une cage. Ainsi Willow par sa présence et surtout par sa fonction empêche Oz de donner libre cours à la déferlante violence de la lycanthropie. Un psychanalyste pourrait presque dire que Willow a un rôle castrateur vis-à-vis d'Oz, durant trois jours par mois.
Spoiler S4 L'épisode : Jvyq N urneg qr yn dhngevèzr fnvfba rfg qr pr cbvag qr ihr geèf fvtavsvpngvs. Qhenaq prggr écvfbqr Bm erapbager har ylpnaguebcr qbag vy fr frag varkbenoyrzrag nggveé. Bm eéfvfgr pbzzr vy crhg à prggr nggvenapr rg nhk nethzragf qr Iéehpn y'vapvgnag à npprcgre fn ylpnaguebcvr qnaf gbhf pr dhr pryn erceéfragr ra grezr qr yvoregé q'npgvba znvf nhffv qr fbhzvffvba nhk chyfvbaf. Vyf svavffrag cne qrirave nznag ybef qr yrhef zégnzbecubfrf abpghearf. Svanyrzrag Jvyybj svavg cne qépbhieve yrhe yvnvfba. Bm ghr Iéehpn dhv ibhynvg f'ra ceraqer à Jvyybj. Znvf yr pbhcyr ar eéfvfgr cnf à prggr écerhir. Bm shvg Jvyybj cbhe yn cebgétre qr yhv-zêzr. Wr ibhf yvier dhrydhrf eécyvdhrf :
Bm : Wr ar zr fhvf cnf rkcevzé bssvpvryyrzrag! Wr irhk frhyrzrag eragere purm zbv rg pbzceraqer pbzzrag abhf fbzzrf fbegvf qr abf pntrf.
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Irehpn : Nirp har crgvgr ebhr rg har onyyr ra cynfgvdhr, rg har wbyvr crgvgr pybpur à y'vagéevrhe. Frvtarhe ! Dhrydh'ha g'n gbgnyrzrag qbzrfgvdhé.
Bm : P'rfg zba pubvk. Wr ar irhk cnf oyrffre dhv dhr pr fbvg.
Irehpn : Crhg-êger. Bh crhg-êger dhr gh ar irhk cnf nqzrgger gbhg fvzcyrzrag pr dhv g'neevir (creznarag, vpv). Crhg-êger dhr gh irhk whfgr srvaqer q'êger ha zrp abezny.
Bm : rg ovra, wr fhvf ha glcr abezny. Wr fhvf ha ybhc whfgr gbvf wbhef cne zbvf.
Irehpn : Bh gh rf ha ybhc gbhg yr grzcf, rg pr ivfntr uhznva rfg frhyrzrag ha qéthvfrzrag. A'nf-gh wnznvf crafé à pryn, Bm ?
Bm : w'l invf. Wr invf iéevsvre yr wbheany cbhe ibve fv abhf nibaf snvg qrf qétâgf yn ahvg qreavèer.
Irehpn : Bu, abhf ra nibaf snvg. Znvf frhyrzrag y'ha à y'nhger. Wr fnvf dh'har cnegvr qr gbv f'ra fbhivrag. (Cnf orfbva qr cyrvar yhar cbhe çn). Abhf cbheevbaf… yr ersnver fhe yr punzc.
Bm : Cnf dhrfgvba. P'rfg svav… à y'vafgnag.
Irehpn : wr crhk q'nvqre, Bm. Gh rf rssenlé. Wr y'égnvf nhffv. Znvf wr y'nv npprcgé. Y'navzny rfg chvffnag ra zbv gbhg yr grzcf. Ovragôg, gh pbzzraprenf à êger qéfbyé cbhe gbhf yrf nhgerf cnepr dh'vyf ar fnirag cnf pr dh'rfg q'êger pbzzr abhf fbzzrf. Yvoerf. Ivinagf.
Bm : Yvoer qr ghre ? Wr ar irhk cnf qr çn. Gh ar qrienvf cnf.
Irehpn : Gh ar pbzceraqf cnf. Znvf çn ivraqen. Gh ireen dhr abhf fbzzrf qr yn zêzr enpr.
Bm : Aba. Wr fnvf bù zr fvghre. (orybat snvg ers à ha tebhcr fbpvny ,qr "crref", q'étnhk. iéehpn irhg êger ha pbhcyr nirp bm, dhv yhv bccbfr yr fpbbol tnat)
Irehpn : N pr fbve.
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Bm : ar yn gbhpur cyhf wnznvf (ra cneynag qr Jvyybj dhr Irehpn iranvg qr senccre. Aqn).
Irehpn : Ivraf z'ra rzcêpure. W'nvzr yn ontneer, gh gr fbhivraf ?
Bm : fv gh irhk zr oyrffre, oyrffr zbv. Znvf gh yn ynvffrf ra qrubef qr çn.
Irehpn : Pbzzrag yr chvf-wr ? Ryyr rfg yn envfba qr gn ivr ra pntr. Ryyr gr eraq nirhtyr. Dhnaq ryyr ar fren cyhf, gh frenf pncnoyr q'nqzrgger pr dhr gh rf.
Bm : gh ar irhk cnf qépbhieve dhv wr fhvf. (cuenfr natynvfr? :-))
Irehpn : gh rf ha navzny. Yrf navznhk ghrag.
Bm : Gh nf envfba. Abhf ghbaf. (nybef dh'vy fr genafsbezr ra ybhc)
Rasva :
Bm : Aba. Irehpn ninvg envfba à cebcbf qr dhrydhr pubfr. Yr ybhc rfg ra zbv gbhg yr grzcf, rg wr ar fnvf cyhf bù rfg yn sebagvèer rager zbv rg yhv. Rg gnag dhr wr a'nhenv cnf pbzcevf pr dhr pryn fvtavsvr, wr ar qrienv cnf zr gebhire ceèf qr gbv… bh qr dhvpbadhr. (ra cneynag à Jvyybj ninag qr cnegve).

5) Evolution fonctionnelle des personnages : confusion.

Bien que tous les personnages principaux de la série voie leur psychologie évoluer au cours des épisodes et des saisons, peu d'entre eux finalement vivent réellement une modification fonctionnelle, si je puis dire.

Ainsi ce n'est pas parce que Willow prend plus d'assurance petit à petit que son rapport à la première fonction se modifie. Il ne s'enrichit que de l'aspect sorcellerie, qui d'un point de vue fonctionnel n'est qu'un renforcement.

Il en va de même pour Cordélia, car son intégration progressive dans le Scoobygang et la modification de son caractère qui fait que jusqu'à sa rupture avec Xander elle est moins " peste " qu'auparavant n'entraîne pas une modification dans son aspect fonctionnel.(34)

Quant à Buffy, elle actualise sa sagesse potentielle sous l'action de son précepteur/chapelain - Giles. Mais son rôle fonctionnel dans le Scoobygang n'évolue pas : elle n'en est que plus intensément le personnage central en incarnant mieux le rôle de roi.

Le cas de Angel qui se transforme en Angelus lors de la seconde saison est identique. Il est vrai qu'il subit une modification psychologique énorme en perdant son âme. Il redevient un vampire à part entière : démoniaque. Il quitte donc le Scoobygang. Mais finalement le rôle qu'il y tenait devient son rôle chez les démons. Il reprend une position de chef, en remplacement du Maître et détrônant Spike. Roi du Scoobygang, il devient roi des vampires pour une demi-saison. Et lorsqu'enfin après sa pénitence en Enfer prend fin, il reprend la place qu'il avait dans le Scoobygang auprès de Buffy. Donc d'un point de vue fonctionnel il ne change pas au cours des trois premières saisons. Ensuite partant pour Los Angeles, il ne fait plus parti du Scoobygang, malgré les contacts qu'il conserve (cf.cross-over).

Il en va autrement de Xander et de Giles. L'un et l'autre vive une modification importante de leur rapport fonctionnel, entraînant un déséquilibre dans leur couple fonctionnel. Ceci est d'autant plus caractéristique pour Xander. Quoi qu'il en soit, les scénaristes de BTVS semble vouloir brouiller le symbolisme fonctionnel, sciemment ou non.

Xander : à partir de l'épisode Halloween/Halloween se transforme en militaire grâce à un sortilège lancé par le vieil ami/ennemi de Giles : Ethan Raynes. Ainsi le Quirites devient aussi un milites. Ceci contredit-il ce qui vient d'être dit à propos de Xander et de son rattachement à la troisième fonction ? C'est un sort qui propulse Alex dans la seconde fonction. Et pas n'importe quel sort : celui-ci transforme les porteurs de costumes de la soirée d'Halloween en ce en quoi ils sont déguisés. Or le déguisement n'est pas l'être en ce sens qu'il révèle plus ce que le porteur du déguisement voudrait être pour diverses raisons que ce qu'il est réellement, du moins dans l'épisode (35). Donc Xander rêve d'être un guerrier, au même titre que Buffy, ou plutôt qu'Angel (rivalité, jalousie). Et s'il rêve d'en être un, c'est qu'il n'en est pas un. Il n'a aucun lien originel avec cette fonction. Mais tout Quirites était aussi un jour où l'autre un milites. C'est peut-être ce rapport archaïque vraisemblablement chez les Indo-européens entre l'homme-libre producteur (pasteur ou paysan) et le guerrier que Whedon a retrouvé par le biais romancé de la magie. Mais dans tous les cas c'est une intrusion de la seconde fonction au sein de la troisième.

Giles : au fur et à mesure que sa mission se réalise - former la Tueuse - son rapport à la première fonction se réduit en même temps que celui de Buffy se renforce. Son caractère régulateur (1er terme de la 1ère fonction) s'adoucis et il se transforme petit à petit en ami/père de Buffy, affirmant épisode après épisode que Buffy est vraiment très douée, plus qu'en observateur. A tel point qu'il est même congédié de son rôle par le Conseil au milieu de la troisième saison à cause des liens affectifs qui le lient à Buffy. En revanche son rapport à le seconde fonction se renforce. On le voit intervenir dans les combats comme dans Halloween/Halloween, ou Zéro Pointé/Zeppo. Ce caractère est renforcé par ce que l'on peut entrevoir de sa jeunesse : blouson noir violent et rebelle (Effet Chocolat/Bandcandy).

Est-ce vraiment, comme dans le cas de Xander, une intrusion de la fonction guerrière dans la fonction sacerdotale, ou un renforcement du premier aspect de la première fonction qui ne pouvant plus s'exprimer autant par le moteur régulateur moral et spirituel vis-à-vis de la Tueuse s'exprime par un aspect guerrier ? Je suis d'avis de considérer la première hypothèse comme la plus plausible. Et cela pour une seule raison, qui est purement d'ordre esthétique : la symétrie. La seconde fonction fait une intrusion dans la troisième par l'intermédiaire de Xander, il faut donc pour respecter la symétrie qu'elle le fasse au sein de la première fonction par l'intermédiaire de Giles. (36)

6) Du couple fonctionnel au couple sentimental : un accroc à l'idéologie indo-européenne.

Nous avons vu que chaque fonction est représentée par un couple fonctionnel. Nous avons ici Buffy-Angel, Giles-Willow, et Xander-Cordélia. Pour deux d'entre eux, ce couple fonctionnel se double d'un couple amoureux. Seul Giles et Willow échappent à cette règle, pour une raison exprimée plus haut, qui pour le coup n'est absolument pas indo-européenne, puisque chez tous les peuples indo-européens historiques, du moins parmi les plus conservateurs, les dieux fonctionnels sont tous des entités masculines qui ne peuvent pas par conséquent former un couple amoureux avec leur binôme (37). Les Déesses importantes d'ailleurs sont soit trivalente (38) ou une incarnation d'un aspect de la troisième fonction (39).

7) Conclusion : le Scoobygang est une représentation de l'univers et de la société idéale telle que pouvaient se l'imaginer les peuples indo-européen.

S'il suffisait d'une preuve pour résumer ce qui vient d'être dit ce serait la suivante (mais comme c'est un spoiler concernant l'épisode Primeval de la 4ème saison, ce sera en rot13) :
Ha éyézrag frzoyr nyyre qnaf pr fraf qnaf y'écvfbqr Cevzriny qr yn 4èzr fnvfbaf : Ohssl freg qr eéprcgnpyr à yn chvffnapr zntvdhr q'har vaibpngvba vapnagér cne Jvyybj à cnegve q'ha wrh qr gnebg. Ryyr enffrzoyr qbap yrf sbeprf qh tebhcr. Rg dhryyrf fbag prf sbeprf : Fcvevghf (y'Rfcevg qnaf yr fraf q'âzr, fbhssyr ivgnyr gveé cne Jvyybj. Erceéfragnag yn cerzvèer sbapgvba), Fbcuhf (y'Rfcevg har abhiryyr sbvf znvf vpv qnaf yr fraf qr envfba, fntrffr gveé cne Tvyrf. Vapneangvba qr yn cerzvèer sbapgvba), Nzvzhf (yr pœhe, pregnvarzrag pbzzr yvrh qr ivgnyvgé rg q'ézbgvba qbap vapneangvba qr yn gebvfvèzr sbapgvba gveé cne Knaqre) rg Znahf (yn Znva gveé cbhe Ohssl. Yn znva qnaf yr fraf qr y'npgvba. pryhv dhv cebqhvg y'npgvba… yr threevre). Wr pebvf dh'ba ar crhk cnf êger cyhf pynve qnaf yr flzobyvfzr gevsbapgvbaary.
P'rfg cne yr pbapbhef qr gbhgrf yrf sbeprf/sbapgvbaf dhr yr zny rfg qégehvg. Frhyr yn pbbcéengvba qrf gebvf sbapgvbaf uvéenepuvférf rfg irpgrhe q'beqer rg q'unezbavr. P'rfg y'vqény vaqb-rhebcéra dhr y'ba ergebhir qnaf yn sbaqngvba qr Ebzr, qnaf yn sbezngvba qr yn fbpvégé qvivar qrf fpnaqvanirf nceèf yn threer rg yr genvgé qr cnvk rager Nfrf rg Inarf.

Mais cet ordre et cet équilibre cosmique et social doit être aussi un ordre et un équilibre individuel. Le déséquilibre entraîne le chaos et le pêché… le Mal.

8) Les vampires et démons : déséquilibre fonctionnel (esquisse)


D'où vient le " mal " dans l'idéologie fonctionnelle indo-européenne ? Pour le savoir demandons nous ce qu'est le " bien " ? Comme il a déjà été dit lors de l'introduction le bien pour les Indo-européens c'est le respect de l'ordre cosmique et sociale. Cet ordre est compris comme l'équilibre hiérarchique des trois fonctions qui composent le monde. Le mal est donc la négation de cet ordre entraînant donc un déséquilibre. De ce déséquilibre résulte chez les humains et les créatures le vice, le péché… Il y a donc des comportements mauvais classés dans les trois fonctions selon le manque ou l'excès d'une fonction chez l'individu.

Les " pêchés " liés à la première fonction sont : le mensonge, la trahison, l'impatience, la folie. Ceux liés à la seconde fonction ont rapport à la violence physique (bellicisme, meurtre). Enfin ceux liés à la troisième fonction sont aussi nombreux qu'elle possède d'aspects. Néanmoins ont peut définir ceux liés à la sexualité (lascivité, adultère…) ceux liés à la beauté (narcissisme), ceux liés à la production (cupidité/avidité, ambition démesurée).

Dans ce cadre, Drusilla par sa folie et par ses dons de prophéties se place donc dans les " pêchés " de la première fonction. Spike, personnage colérique représente les pêchés de la seconde fonction. Wilkins et Mister Trick sont à considérer comme des représentants de la troisième fonction par l'ambition du premier et le narcissisme du second et l'avidité des deux. Darla représente la troisième fonction de par la séduction qui lui sert de mode opératoire pour la vampirisation.

Le cas du Maître est plus complexe. Il me semble qu'il est l'incarnation d'un antiroi, tout comme Angelus. Mais pour ce dernier, je lui réserve un chapitre.

9) Angelus/Angel : le pêché et la rédemption

Malheureusement ce chapitre qui devait traiter du cas d'Angel et d'Angelus vis-à-vis des thèmes du pêché et de la Rédemption chez les Indo-européens ne pourra pas se faire dans l'immédiat. Le livre qui devait me permettre d'étudier le problème n'est plus édité. Donc il me faudra le rechercher chez les bouquinistes. Cela peut prendre du temps…

10) BTVS et ses saisons : structure du mythe/épopée indo-européens ?

J'aimerais expliquer très brièvement la différence entre le mythe et l'épopée chez les Indo-européens tels qu'ils ont été définis par les indo-européanistes : le mythe est aux dieux et à l'histoire du monde ce que l'épopée est à l'humanité et à l'histoire du peuple. Le mythe raconte les dieux et leurs actes. L'épopée raconte les hommes et leur société. L'épopée peut être historisante (40) comme l'histoire de la fondation de Rome ou une simple retranscription du mythe mais replacé dans un cadre humain.

Dans ce chapitre j'aimerais analyser le niveau de convergence entre la structure des mythes, c'est-à-dire la façon dont s'articulent les différents thèmes de la mythologie indo-européenne, avec la structure de BTVS au niveau des saisons. La question de la comparaison de BTVS dans sa globalité et de la mythologie est de celle que l'on peut évacuer rapidement : BTVS n'étant pas fini cette tache est remise à plus tard. Et je laisse le travail de comparaison entre des épisodes particuliers de BTVS et la mythologie dans son entièreté ou selon une histoire particulière à des exégètes plus méticuleux que moi.

Il existe néanmoins un léger problème, qui pourtant a été résolu avant moi par les indo-européanistes : il n'existe pas de structures communes aux différentes mythologies des différents peuples indo-européens historiques. Cependant, il a été possible par recoupement entre les différentes mythologies et épopées de reconstituer une mythologie archaïque telle qu'elle aurait pu exister avant la dispersion présumée des peuples indo-européens. L'hypothèse et la conclusion de ceci est que chaque peuple s'est servi de tel ou tel aspect d'un héritage commun et la modifié selon les réalités du moment.

C'est donc à cette mythologie reconstitué et " préhistorique " (41) dont les éléments se retrouvent dans diverses mythologies et qu'il faut comparer les saisons de BTVS.

Et puisque la mythologie se réfère à un niveau divin et cosmique, je me servirais de leur retranscription humanisée que sont les épopées et en particulier de deux d'entre elles : le Mahabharata et l'origine de Rome, car elles reproduisent les principaux thèmes mythiques éclairés par la mythologie scandinave. L'une pour le début, l'autre pour le développement et la fin

- Au commencement était le Chaos… Buffy y mis un terme !

Rappelons-nous l'origine de la Rome épique issue du synécisme (ce synécisme créateur d'un nouvel ordre correspond au niveau du mythe à la création du monde : la création du monde étant une mise en ordre fonctionnelle du Chaos/Vacuum préexistant) de trois ethnies représentants les trois fonctions : les proto-Romains de Romulus descendants de l'Enée troyen et des Latins d'Albes et incarnants fonctions indo-européenne magico-juridico-religieuse, en un mot souveraine (42). Les Etrusques de Lucémon représentants la fonction guerrière. Et les Sabins de Titus Tatius apportants femmes et richesses après une guerre contre la coalition Romulus-Lucémon et une paix intégrative représentants la troisième fonction. De cette fusion " ethnico-fonctionnelle post-conflictuelle " naît Rome (43).

Il m'apparaît qu'un tel synécisme peut être envisagé pour BTVS : le Scoobygang n'est pas formé au départ (44). Il est créer par la fusion de différents personnages représentant les trois fonctions qui ne se connaissent pas tous.

Cependant, cette comparaison est limitée. Alors que le synécisme est fonctionnellement ordonné chez les romains, elle ne l'est pas dans BTVS : la fusion se fait par soit deux groupes distincts, soit cinq.

1ère option dite restreinte (2 groupes) : d'un côté nous avons Buffy (2ème fonction accédant à la première par élection et incarnant la communauté entière donc la troisième fonction), Angel (idem) et Giles (1er aspect de la 1ère fonction) qui se retrouvent tous deux à Sunnydale parce que Buffy y vient (ils sont donc tous trois étrangers à cette ville), et de l'autre Willow (2ème aspect de la 1ère fonction), Xander (3ème fonction) et Cordélia (3ème fonction) qui sont des " autochtones " de Sunnydale

2ème option dite éclatée (5 groupes) : Buffy (2ème fonction etc.) / Giles (1ère fonction)/ Angel (2ème fonction etc.)/ Willow-Xander (1ère et 3ème fonction) / Cordélia (3ème fonction)

Nous voyons ici que quelle que soit l'option choisit, elle n'est pas ordonnée fonctionnellement comme l'aurait envisagé un indo-européen archaïque ou historique. Pour lui Giles et Willow auraient formé un groupe (bibliothécaire et son assistante par exemple), Buffy et Angel un second groupe (amants ! ?) et Xander et Cordélia le troisième groupe. Il est vraisemblable que pour des raisons romanesques (45) et significative pour des adolescents (46) la retranscription intégrale du schéma du synécisme indo-européen ne pouvait pas être reprise.

La deuxième limite est que la formation du Scoobygang ne suit pas une période conflictuelle. Là encore, je pense que des raisons liées au développement de l'histoire empêchaient un tel scénario. Il est possible toutefois de voir dans l'hostilité qui oppose Buffy/Willow (2ème et 1ère fonction) et Cordélia (3ème fonction) au début de la 1ère saison une atténuation résiduelle de ce conflit.

Mais un tel acte créateur ne peut avoir lieu complètement qu'une seule fois. On ne recrée pas la société ou le monde tout le temps (enfin si… grâce aux rituels. Mais ceci est une autre histoire). C'est pourquoi les saisons suivantes ne connaîtrons plus réellement ce synécisme, malgré l'entrée d'Oz, Jenny Calendar et Kendra dans la deuxième saison, et le retour de Buffy et d'Angel et l'arrivée de Faith et de Wesley dans la troisième saison, spoiler
(Evyrl rg Naln ra erzcynprzrag qr sbeghar q'Natry rg Pbeqéyvn qnaf yn dhngevèzr fnvfba).

- De l'âge d'or à l'âge de fer

Que nous raconte le Mahabharata ? Ce texte ne connaît aucun synécisme social puisqu'il raconte l'histoire d'une famille, celle des Pan¼ava, et en particulier de 5 demi-frères. Le premier d'entre eux est Yudhiîðhira, l'incarnation du dieu de la souveraineté magico-religieuse de la période brahmanique de l'Inde : Dharma, principe de vertu et de justice, successeur du couple Varuna-Mitra dans la théologie. Il est l'ainé et donc l'héritier de la couronne du roi Pan¼u. Tout irait pour le mieux dans le meilleurs des royaumes possible, si un cousin -Duryodhana - incarnation de la déesse de destruction - Kali - ne s'emparait de la couronne par tricherie lors d'une séance de jeu de dés contre Yudhiîðhira. Les termes de l'enjeu était la couronne et l'exil durant une période d'au moins 13 années pour le perdant. Yudhiîðhira perd la partie, car les dés étaient pipés. Il part en exil avec ses frères…
A quoi correspond cette phase épique durant laquelle le roi juste, vertueux et légitime est spolié de son droit par une incarnation d'une démone. Pour le savoir intéressons-nous un court instant aux mythologies d'autres peuples indo-européens…. En particulier à la mythologie scandinave.

Celle-ci raconte qu'Odinn, souverain des dieux et dieu souverain, avait deux fils (parmi d'autres) dont un se nommait Baldr et l'autre Hödr. Baldr était un dieu de beauté, d'amour et de sagesse, grand orateur dont les jugements ne pouvaient être réalisés (47), que tout les dieux, Ases et Vanes réunis aimaient autant qu'il fût possible. Son frère avait pour caractéristique qu'il était aveugle. Sa cécité servira d'instrument au destin… ne dit-on pas que le destin est aveugle ? Un jour Baldr rêve de sa mort… les dieux épouvantés par une telle perspective décident d'agir par l'entremise de Frigg, la femme d'Odinn, qui fait jurer à toutes les choses animées ou non de ne jamais porter atteinte à la vie de Baldr qui devient donc indestructible. Les dieux s'amusent alors avec Baldr de cette nouvelle condition : ils lui jettent tout ce qui leur passe sous la main. Ce bonheur retrouvé sera de courte durée, car s'était compter sans la malignité d'un dieu, père de maints monstres dont loup gigantesque - Fenris - dont la prophétie veut qu'il détruise le monde : Loki. Celui-ci déguisé en vieille femme apprend de Frigg que le gui fut oublier dans la séance de serment, car il semblait trop inoffensif. Riche de cette information, Loki se rend au près d'Hödr, qui aveugle, attendait que les autres dieux en finissent avec leur nouveau divertissement. Loki persuade Hödr de participer comme les autres à la séance de jet de tout chose sur Baldr. Il lui place dans la main un rameau de gui et guide sa main… Bladr est mortellement blessé. Les dieux fondent en larmes. Finalement ils tentent de convaincre Hel, la déesse de l'Enfer, fille de Loki, de relâcher Baldr. Elle accepte à une condition : que l'on vérifie que Baldr est aussi aimé qu'on le dit par toutes les créatures de la Terre. Si toutes pleurent la mort du dieu, alors il sera libéré de la mort. Toute pleure sauf une : Loki, au fond d'une caverne, déguisé en vieille sorcière. Baldr reste donc en Enfer. Commence donc une ère sans idéal ni espoir qui était porté par le dieu Baldr.

Aussi étrange que cela puisse paraître la mort de Baldr correspond à l'exil de Yudhiîðhira. Baldr ne vit-il en enfer une sorte d'exil à cause de la tromperie d'un être maléfique ? Pour les Scandinaves l'époque qu'ils vivaient était celle qui suivait la mort de Baldr… une triste ère, durant laquelle le mal semble vaincre.

Ce thème de la dégradation du monde sous les coups du Mal, âge après âge, est un thème reprit aussi par les Grecs qui voyaient une succession temporelle de 4 âges : âge d'or, âge d'argent, âge de bronze et la dernière dans laquelle les Grecs estimaient vivre - âge de fer.

Donc dans la mythologie indo-européenne, après la création du monde et son ordonnancement par les dieux fonctionnels suivent des périodes de plus en plus troublées durant lesquelles les démons semblent emporter des victoires.

Nous pouvons retrouver en partie cette phase dans chaque saison de BTVS où finalement les forces du Mal ont toujours un coup d'avance. Buffy et le Scoobygang ne sont que réactifs aux menées des Ténèbres (en cela Joyce a raison dans Intolérance / Gingerbread). Leur rôle se limite souvent jusqu'au dernier épisode à déjouer les plans des démons et vampires. En ce sens on peut dire que les " bons " sont pris de court et les " méchants " dominent jusqu'au dénouement durant la bataille finale :

.1ère saison :
après le synécisme, c'est la création du Juste des Justes (Un Premier Rendez-Vous Manqué/Never Kill a Boy on the First Date) (qui par ailleurs est finalement un personnage bien pâle) sans que le Scoobygang naissant puisse rien faire. Buffy réussira malgré tout à déjouer tous les plans du Maître visant à la tuer durant cette courte saison. Mais elle finira par mourir sous les crocs du Maître.
.2ème saison :
l'arrivée de Spike et de Drusilla donne un certain avantage aux forces des Ténèbres par leur arrivée. L'ordre de Taraka aussi très momentanément. Angel se fait enlever par Spike et Drusilla… il est torturé (Kendra 2/What's My Line ? part 2). L'arrivée du Juge. Le retour d'Angelus (Innocence 1/Surprises - Innocence 2/Innocence). La mort de Jenny Calendar (La Boule de Tésulah / Passion). Kendra Morte - Willow dans le coma - Xander blessé - Giles kidnappé et torturé mentalement (Acathla 1 et 2 / Becoming part 1 et 2)
.3ème saison :
l'arrivée de Mister Trick (La Nouvelle Petite Sœur / Faith, Hope and Trick). Le passage de Faith du côté obscure de la Force (Au Dessus des Lois / Consequences). Les préparatifs de l'Ascension qui se poursuivent sans que le Scoobygang puisse y mettre un terme (en particulier La Boite de Gavrock / Choices). Angel blessé et empoisonné par Faith (La Cérémonie 1 / Graduation part 1). Le combat contre Faith qui ne permet pas à Buffy de ramener le corps pour sauver Angel. L'Ascension qui se déroule comme prévu ou presque….

D'ailleurs dans cette saison n'avouent-ils pas avoir toujours du retard sur les plans du maire à propos de son Ascension ?

- Ragnarök et Renaissance

Durant l'exil des Pan¼ava, les cinq frères se marient avec la même femme - Draupadi - qui est de sang royal. Ils se créent de nouvelles alliances et lorsque le temps de l'exil est expiré, ils décident de rentrer au pays. Malheureusement Duryodhana refusent leur retour. Il s'ensuit une guerre gigantesque durant laquelle la quasi-totalité des deux armées adverses sont anéantis. Mais finalement les Pan¼ava remporte la victoire finale in extremis, mais sous le coup d'une terrible malédiction qui fait qu'ils ne pourront pas avoir de descendance. La lignée des Pan¼ava se termine là théoriquement la victoire se transforme en échec. Mais l'un des serviteur de Yudhiîðhira - Krishna - qui n'est autre que l'incarnation du dieu Vishnou, décide d'intervenir en ressuscitant le fils d'Arjuna (le troisième Pan¼ava, incarnation du dieu Indra - dieu de la guerre, de la pluie et des éclair et du tonnerre) - Parikshit -qui est en " gestation " au moment où l'anathème est proféré. Ainsi la lignée perdura. Les méchants vaincus, la paix, la puissance et la prospérité peuvent à nouveau être lot du royaume des Pan¼ava.

Cette bataille finale durant laquelle meurent la plupart des protagonistes suivit d'un renouveau possède une correspondance presque trait pour trait dans la mythologie scandinave :

Le Ragnarök, qu'une confusion de mot a fait nommé : le Crépuscule des dieux. Après la mort de Baldr, Loki satisfait momentanément s'en repart chez lui. Dans un futur plus ou moins proche il est prévu qu'il libère les monstres, ces enfants, tel le loup Fenris qui doit avaler le monde, le serpent gigantesque Midgardr, le géant du feu Surtr, le chien Garmr, Hel la déesse des Enfers et bien d'autres encore. La bataille aura lieu et tous les dieux et tous les monstres s'entre-tueront. Le monde sera sauver par le dieu Vidarr (48) qui se dilate entre les deux mâchoires du loup Fenris, qui avait ouvert sa gueule de la terre au ciel et qui menaçait d'avaler le monde et de le détruire, et le tue en lui déchirant la gueule en deux (49). Le dernier duel de cette bataille eschatologique (50) est celui de Heimdallr, dieu-gardien, premier dieu représentant le temps, la durée et de Loki qui comme les autres dieux et monstres s'entre-tuent. Ainsi le monde est sauvé de la destruction irrémédiable par deux dieux représentant l'espace et le temps. Il ne reste de vivant que Hödr et Baldr qui sort des Enfers. Ils redonnent vit au monde. Un nouveau monde idéal de paix, de puissance et de prospérité qui ne connaîtra jamais le Mal.

La différence importante entre les deux récits est que dans l'un c'est les démons qui attaquent pour détruire le monde et les dieux bénéfiques, alors dans l'autre se sont les hommes " justes " qui attaquent les hommes " injustes " afin de se rétablir dans leur droit.

On retrouve cela selon l'aspect indien dans BTVS : chaque dernier épisode de chaque saison voit la bataille finale contre le mal, après sa domination : mort du Maître, mort d'Angelus, mort du Maire. La vie reprend ses droits. Chaque saison se développe vers ce point final considéré par les membres du Scoobygang comme une apocalypse possible. Le thème est reprit, semble t-il, fidèlement.

En conclusion, il semblerait que les trois phases du développement de la mythologie archaïque indo-européenne (création d'un monde imparfait - domination du mal - crise eschatologique suivie d'une renaissance d'un monde parfait) soit présentent dans les saisons de BTVS

11) Conclusion générale, axes de travail et postface.


Il est donc possible de comparer BTVS tant au niveau des personnages de BTVS prit isolément ou en groupe que de la structure de la série avec l'idéologie fonctionnelle des indo-européens et de la façon dont ils la mirent en scène au travers de la mythologie et de leurs épopées. L'évolution des personnages semble modifier petit à petit ce rapport. Les saisons suivantes confirmeront ou infirmeront peut-être cette évolution.
Buffy représente l'idéal humain des indo-européens, que le roi dans leur conception devait incarner, et l'union des forces qui composent le monde (les trois fonctions positives : justice/vertu/sagesse-force-prospérité) tant matériel que spirituel est ici effective au sein d'un groupe incarnant la société et la coopération.
C'est de cela peut-être que la série tire son succès aux USA et en Europe (Ailleurs ? quelqu'un aurait-il des infos à ce sujet), répondant inconsciemment aux schèmes que nos lointains ancêtres que diverses sciences cernent difficilement nous ont légués.
Whedon en est-il conscient ? Il est certainement le seul à pouvoir répondre à cette question. Toutefois il n'est pas nécessaire qu'il le soit. Il peut avoir comme tout à chacun intégré des éléments de cette idéologie et les retranscrire dans BTVS, sans pour autant être conscient des implications indo-européennes

Certains axes de comparaisons n'ont été qu'ébauchés par manque d'information. D'autres ont été ignorés : la relation de BTVS avec la notion du destin et de l'amour. Thèmes chers aux indo-européens. Peut-être feront-ils de ma part l'objet d'une " étude " ultérieure (rien n'est moins sûr). Un autre travail, que j'avais commencé au début de celui-ci et que j'ai abandonné très rapidement, pourrait être entrepris par quelqu'un de plus consciencieux que moi : l'inventaire exhaustif, épisode après épisode, des phrases et situations allant dans le sens de convergences entre l'idéologie fonctionnelle et BTVS.

De plus comme je l'ai déjà dit, l'idéologie n'est pas quelque chose de fixe, puisqu'elle est déterminée par l'existence - les conditions matérielles dans lesquelles vivent les hommes, les rapports productions, les rapports sociaux, etc. L'existence matérielle des hommes ont évolué depuis les temps anciens… l'idéologie aussi. Deux apports fondamentaux ont été faits au siècle dernier : l'étude psychanalytique de l'individu par Freud et son équivalent au niveau sociétal - le marxisme, qu'on en pense du bien ou du mal (51). La façon d'envisager la psychologie des personnages d'une histoire n'est plus envisagée de la même manière qu'il y a 4000 ans. Un personnage de fiction indo-européen " classique " aurait une psychologie qui suivrait totalement la symbolique de la fonction qu'il incarne. Un carcan indépassable limitait les récits. Les récits étaient au service d'une morale. L'implication y était direct. Maintenant le carcan existe toujours mais la chaîne qui le compose s'est vu agrandir de plusieurs autres maillons. Il y donc autant d'éléments divergents que convergents entre BTVS et l'idéologie fonctionnelle indo-européenne.

En définitive, que penser de cette étude ? Est-elle légitime et valide ?

Au-delà des réserves énoncées dans le préambule, ainsi qu'au-delà de mon amateurisme en la matière (amateurisme éclairé ?) qui a pu m'amener à faire des erreurs, certains scientifiques -linguistes et archéologues- ont émit des critiques justifiés sur l'indo-européanisme, remettant en cause la méthodologie suivit depuis les années 30 et avant, remettant en causes les conclusions et les hypothèses et ainsi que l'idée même d'une possible indo-européanité comme il a été vu précédemment (52). S'il n'y a jamais eu de culture indo-européenne, mon travail n'est alors qu'un jeu de l'esprit reposant sur du vide.

Et pour finir sur une provocation dénuée de toute agressivité de ma part (paix aux hommes de bonne volonté !) je dirais que même si mon travail n'est qu'un mirage je l'ai effectué avec plaisir car je n'ai eu nullement le besoin de parler de génétique et d'évolution des espèces, m'attachant plutôt à essayer d'expliquer la réalité (l'idéologie d'un scénariste) que la fiction, un pur imaginaire où les principes de réalité ne sont pas nécessaires.

12) Notes

(1) j'expliquerai ceci plus tard

(2) pour cela et pour son travail, je remercie mille fois Lauréna, puisque je ne l'avais pas encore fait.

(3) paix à son âme et gloire à sa descendance sur 7 générations.

(4) pour ceux qui ne le sauraient pas - et d'ailleurs on vit très bien sans le savoir - la philologie est une discipline particulière de la linguistique qui étudie les langues à partir des documents écrits que les locuteurs nous ont laissés, dixit le Larousse. Définition imprécise mais j'en ai pas de plus précise à fournir !

(5) les erreurs méthodologiques sont terribles parfois.

(6) c'est un anglo-saxon.

(7) qu'ils soient Indiens, Perses (Iraniens), Scythes, Germains, Grecs, Slaves, Illyrien, Hittites, Daces, Thraces, Phrygiens, Italiques, Baltes, Arméniens, Romains, Celtes, etc.

(8) ce qui d'ailleurs n'était pas forcément différencié pour eux.

(9) des thèses veulent qu'il n'y ait pas de correspondance étymologique entre Varuna et Ouranos en prenant appuis sur les lois de phonétique indo-européenne et de son évolution. Cette différenciation étymologique est défendu par Dumézil.

(10) normalement sous le " n " il y a un point et pas une cédille… mais je ne l'ai pas trouvé dans les caractères spéciaux. En outre " varna " veut dire couleurs. Car dans l'idéologie les fonctions était symbolisé par des couleurs :

-1ère fonction : blanc

-2ème fonction : rouge

-3ème fonction : bleu / jaune / brun (selon les peuples)

(11) les " intouchables ", c'est-à-dire les esclaves.

(12) à partir de la fin néolithique-début du chalcolithique se développe une société de classes un peu partout dans le monde (néolithique) basé sur la propriété privée des moyens de production (ce qui n'existait pas auparavant), à l'époque avant tout agricole, où s'opposent ceux qui travaillent et ceux qui dirigent et s'enrichissent. Et parmi ceux qui travaillent, c'est sur les esclaves que reposait l'économie.

(13) " Tribu de Dana ". Dana étant la déesse-mère des Celtes gaéliques.

(14) c'est bête pour des dieux de la tribu de la déesse-mère, c'est-à-dire la déesse de la terre, de la nature, la fécondité, la vie, la mort aussi…

(15) et ici ne s'agit absolument pas de réincarnation - c'est vraiment important de voir la différence qu'il existe entre incarnation et réincarnation si l'on veut s'intéresser à la mythologie.

(16) alors me direz-vous s'ils sont de pères et de mères différentes pourquoi sont-ils considérés comme des demi-frères. Officiellement ils seront considérés comme les enfants de Pan¼u, un roi qui tenait à se reproduire avec sa première et seconde femme mais qui ne le pouvait pas à cause d'une malédiction. Chez les Indo-européens la famille n'est pas uniquement de sang ou génétique, elle est aussi légale et officielle.

(17) c'est-à-dire l'idéologie de la classe dominante - seigneurs et prêtres - imposée globalement à tous, même aux membres des classes opprimés.

(18) ceux de la sphère occidentale au moins.

(19) le Père - le Fils - le Saint Esprit.

(20) -p.i-e. = pré indo-européen, dans le sens indo-européen préhistorique ou reconstituté.

(21) rex latin, *rig celtique, rajan indien, roi en français par exemple.

(22) que seule l'aristocratie guerrière goûtait vraisemblablement.

(23) corne d'abondance, Graal, etc.

(24) d'ailleurs le mot français " riche " à la même étymologie que " roi ".

(25) certaines théories sur le ng voudraient que la Tueuse soit stérile. Mais rien ne confirme cette théorie. Bien au contraire, pas vrai Teufel ? J

(26) toujours bien sûr au sein des représentations idéalisées des indo-européens, parce qu'il est vraisemblable que les motivations qui entraînaient l'interdiction du travail de rois étaient beaucoup plus pragmatiques.

(27) roi mais pas reine, car ce personnage a sa propre symbolique : elle est la représentante de la Terre-Mère.

(28) même si sa présence sur-le-champ de bataille était nécessaire pour la victoire.

(29) il n'est pas le dieu souverain. Il y a une différence.

(30) normalement il y a un rond de ce genre " ° " sous le " r ".

(31) plusieurs meurtres à son actif, dont celui de son frère, des trahisons, le rapt des sabines : mais malgré tout cela, il n'est pas considéré comme un être mauvais. Ce qu'il entreprend est nécessaire pour la fondation de Rome. Et peut-on lui reprocher d'agir comme à son référent divin : Jupiter, à qui il fait construire des temples et instaurer deux cultes.

(32) d'où, peut-être, la supériorité de cette fonction aux yeux des Indo-européens.

(33) les sibylles et les pythies d'Apollon.

(34) d'ailleurs ne peut-on pas voir dans la ruine du père de Cordélia, un effet de la pensée indo-européenne : le père ment au fisc. Un rattrapage fiscal le ruine par la suite. Ainsi n'ayant pas respecter l'ordre, ayant mis en cause l'équilibre, il est puni. On aurait pu penser que mentant au fisc, comme tant de patrons actuels, il s'enrichirait. Moins moral, mais plus réel.

(35) dans la réalité le rapport au déguisement, au carnaval est plus complexe. La question de l'Etre et du Paraître n'est pas de celles que l'on peut éliminer d'un revers de manche dédaigneux en affirmant : l'être c'est vraiment toi, contrairement au paraître. Autrement dit en ce qui concerne le déguisement, il peut représenter ce que l'on rêve d'être parce que l'on ne l'est pas, ou ce que l'on est mais que l'on ne peut pas exprimer n'importe quand pour des raisons de formalismes sociaux. Elle rejoint d'ailleurs la question de la " superficialité " et de la profondeur : la personne superficielle n'est pas toujours celle que l'on croit, si tant est qu'il existe " une superficialité " - l'apparence, le paraître - et une profondeur - l'être, l'âme, l'intelligence. C'est vraiment judéo-chrétien comme manière de penser et petite bourgeoise.

(36) je n'ai pas trouvé d'indice au sein de l'idéologie fonctionnelle indo-européenne qui puisse me faire fléchir d'un côté ou de l'autre.

(37) enfin, moi ce que j'en dit, c'est que les Indo-européens c'est rien qu'une bande d'homophobes dans une société patriarcale parfaitement sexiste.

(38) incarnant des aspects des trois fonctions comme Athéna chez les Grecs qui est à la fois une déesse de la sagesse, de la guerre et de la communauté.

(39) la déesse grecque Démeter : les plantes, la scandinave Freya : la fécondité, etc.

(40) je veux dire en cela non pas qu'elle fasse de l'histoire au sens ou nous l'entendons aujourd'hui - rapport à l'objectivité et aux sources - mais que, bien que les situations et les personnages soient légendaires, elle à pour but de relater symboliquement l'histoire en reprenant les structures et les thèmes de la mythologie et en y soumettant la réalité.

(41) lorsque je dis préhistorique il ne faut pas voir l'Homme des Cavernes avec sa massue, puisque la cristallisation théorique de la culture indo-européenne varie selon les auteurs et les options historiques choisis entre le début du néolithique Moyen-Orient - -11000 pb (pb veut dire Before Present : le présent étant artificiellement placé durant les années 1950. Ce qui donne environ -9000 av. JC) et le milieu/fin du néolithique est-européen ou des plaines nord-pontique et des steppes au nord de la mer Caspienne, c'est-à-dire vers -6000 bp. Donc en tout état de cause durant le néolithique donc à une époque où l'élevage, l'agriculture et la céramique étaient inventés pour ne parler que de cela, et où dans certains coins du globe des civilisations pré-urbaines commençaient à éclore…

(42) albus donnera blanc en français. Et le blanc est la couleur de la première fonction.

(43) elle correspond, répétons-le, dans la mythologie scandinave à la guerre des divinités Ases (1ère et 2ème fonction) contre les divinités Vanes ( 3ème fonction) d'où est issue la communauté divine et chez les Celtes d'Irlande à la guerre des Thuata dé Danann (1ère et 2ème fonction) contre les Fomorés (3ème fonction).

(44) ce qui aurait pu être une option de Whedon.

(45) pas dans le sens romantique du terme mais littéraire.

(46) cibles privilégiées de BTVS.

(47) sa valeur morale et sa sagesse étaient trop grande pour ce monde-ci.

(48) l'équivalent scandinave de Vishnou. On retrouve dans l'un et l'autre une racine indo-européenne - *vi- ayant un rapport à l'étendu, à la mesure, à la séparation.

(49) Vishnou et Vidarr sont des dieux qui représente l'espace, l'étendue des choses et de l'univers, la matière, l'immuable.

(50) ce n'est pas un gros mot ni une pratique sexuelle peu hygiénique et cela se prononce : eskatologique. C'est un synonyme d'apocalyptique.

(51) d'ailleurs à ce sujet les deux topiques de Freud : conscient/subconscient/inconscient et Surmoi/Moi/Ça ainsi que la dialectique du Maître et de l'Esclave de Marx inspiré de la dialectique d'Hegel ne sont-il pas héritière de l'idéologie indo-européenne : le Surmoi avec son rôle inhibiteur et normatif ne peut-il pas représenter la 1ère fonction. Le Ça, siège des pulsions sexuelles, ne pourrait-il pas représenter la 3ème fonction et le Moi déchiré entre les deux forces précédentes la 2ème fonction. La dialectique à trois termes ou trois mouvements d'Hegel et Marx ne représent-elle pas les trois mouvements de la structure de la mythologie mais inversée partiellement : le Maître domine l'esclave correspondant au moment où le Mal domine un monde imparfait. L'Esclave domine le Maître ne correspond elle pas à la phase de la crise eschatologique. Disparition du Maître et de l'Esclave par le dépassement de l'opposition et la disparition des fonctions des deux termes antagonistes ne correspond-elle pas à la renaissance d'un monde parfait ?

(52) (et bien que des critiques aux critiques peuvent être aussi formulé, lire à ce sujet l'article de synthèse pour le magasine scientifique La Recherche de Jean-Paul Demoule que vous trouverez à cette adresse :

http://www.larecherche.fr/VIEW/308/03080401.html

13) Bibliographie

Sur la civilisation et l'histoire indo-européenne en général :

- P. Bosch-Gimpera : " Les Indo-Européens : problèmes archéologiques ", Payot, coll. Bibliothèque Historique, 1980

- Bernard Sergent : " Les Indo-Européens : histoire, langues, mythes ", Payot, Bibliothèque scientifique Payot, 1995

- J.P. Mallory : " A La Recherche Des Indo-Européens : langue, archéologie, mythe ", Seuil, 1997

Ne surtout pas acheter et lire le Que sais-je " les Indo-européens " de Jean Haudry, professeur à Lyon-III et à l'Ecole pratique des hautes études, membre du " Comité scientifique " du Front national. Ce triste sire est un tenant de la " supériorité aryenne " et son texte suinte cette idéologie et c'est puant mais insidieux. L'auteur s'appuie sur l'autorité de Hans Günther, principal raciologue national-socialiste, nommément cité, pour affirmer que les Indo-européens originels sont de " race nordique " , " grands " , " blonds " et aux " yeux bleus.

Sinon ne vous effrayez pas si vous vous mettez à lire des livres sur le problème indo-européen ; vous verrez très vite que les auteurs ne sont pas d'accords les uns avec les autres, qu'ils soient archéologues, historiens ou préhistoriens, linguistes ou généticiens, et ceci sur bien des points. Ce n'est que le symptôme de l'incertitude qui règne en ce domaine.

Georges Dumézil :

- " Mythe et Epopée : L'idéologie des trois fonctions dans les épopées des peuples indo-européens ", Gallimard, Bibliothèque des Sciences Humaines, 1968

- " Mythe et Epopée I, II et III ", Gallimard, Quatro

- " Les Dieux Souverains Des Indo-Européens ", Gallimard, Bibliothèque des Sciences Humaines, 1977

- " Mythes et Dieux des Indo-Européens ", Flammarion, Champs-l'Essentiel, 1992

Ce dernier livre est très bien pour commencer à s'intéresser au problème. C'est un petit livre de synthèse.

Sur des mythologies particulières des peuples indo-européens :

- " Le Mahabarat et Le Bhagavat du Colonel De Polier " présenté par Georges Dumézil [transcription en notre langue de deux textes indiens issue de l'époque: le Mahabarata et la Bagavata. (Comme quoi le sanskrit - la langue des indiens d'Inde de l'époque védique - c'est facile : il suffit de rajouter les " a " à la fin des mots)], Gallimard, 1986

- Jean Markale : " L'épopée celtique en Bretagne ", Payot, 1985

- Jean Markale : " L'épopée celtique d'Irlande ", Payot, Petite Bibliothèque Payot, 1971

- Yann Brekilien : " La mythologie celtique ", éd. Jean Picollec, Coll. Marabout, 1981

Ma bibliographie est très loin d'être exhaustive…

14) Remerciements

- Mélanie Blanchi pour ses transcripts de BTVS en français et en anglais que l'on peut trouver à l'adresse suivante :

http://mblanchi.free.fr/

- Kil pour les résumés des épisodes que l'on peut retrouver à l'adresse suivante (un site excellent, une mine d'infos qui possède aussi des transcipts, jolie et pratique…un top):

http://www.buffysfire.fr.st

- Lauréna , le Petit Chaperon Rouge, Henzel et Gretel pour m'avoir donner l'idée de cette analyse, même si ce n'était pas prémédité de leur part.

- Busybee pour l'aide qu'elle m'a apporter pour une traduction et qui possède un excellent site consacré à BTVS :

http://perso.wanadoo.fr/busybee/btvs/

- Les habitués du ng prolixes ou non, d'accord avec moi ou non, pour l'intelligence collective, si chère à Willow dans Freshmen, qui émane du ng et pour l'émulation qui mène à l'approfondissement de la recherche.

- Les animateurs et fondateurs du ng, pour l'existence même du ng et du site qui lui est associé ainsi que pour l'encyclopédie d'Almak.

- Vendha, pour sa participation déterminante et fructueuse à ma réflexion depuis plus de 30 ans maintenant.

- Mes parents pour des raisons évidentes.

- Petite Boiseï, pour le soutien constant et indéfectible qu'elle apporte à Petit Robustus depuis 10 ans.

- Sirius, ce petit bonhomme avec un gros nez portant moustache qui a rempli ma vie durant trop peu de temps et cela malgré ses vœux de moine trappiste.

Mes amis et néanmoins camarades qui me regardent d'un œil perplexe ou inquiet, mais encore amical, depuis que je regarde BTVS et que je participe au ng nzn.fr.series.buffy. Et cela malgré les preuves que Buffy est trotskyste !

Georges Dumézil et Karl Marx, qui ont réussi plus ou moins à ce réconcilier momentanément, sans qui je n'aurais jamais pu effectuer cette " étude " comparative

Les Indo-européens (réels ou imaginaires) et Whedon sans qui le sujet n'aurais jamais existé.

Les nombreux compositeurs et musiciens en tout genre (de Bach et Mozart à Fat Boy Slim, Björk, ou Prodigy et Photek en passant par Otis Redding, Aretha Franklin et Nina Simone, et bien d'autres encore) qui remplissent mon univers sonore ambiant et qui me décoince une machinerie cérébrale un peu rouillé par trop d'inactivité.

Disclaimer: Ce site est totalement non-commercial et se contente de présenter une série télévisée et des personnages créés par Joss Whedon et exploités par Warner Bros et la Fox Network Corporation. A présent par UPN. Le site officiel est: http://www.buffyupn.com/

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